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Fonctionnaires la cible d'économie

Publié le par cfdtcg42.over-blog.com

Cossards, planqués, trop nombreux, trop payés... Les quelque 5 millions de fonctionnaires sont une cible de choix pour les critiques et rumeurs en tous genres, et se sentent particulièrement sur le gril dans la quête d'économies du gouvernement.
Celui-ci dénonce régulièrement le « fonctionnaire bashing », et essaye de rassurer les agents qui composent une bonne part de son électorat. La ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu répète ainsi à l’envi qu’ils sont « une chance pour notre pays » et sont loin d’être « privilégiés ».

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a promis fin janvier que les économies prévues d’ici à la fin du quinquennat ne se feraient « pas sur le dos » des agents, dont les salaires sont gelés depuis 2010.

Et le ministre délégué au Budget Bernard Cazeneuve a aussi relevé vendredi 7 février 2014 qu’ils avaient « déjà fait beaucoup d’économies », assurant qu’il n’était « pas du tout dans l’approche de l’opposition qui consiste à considérer qu’un fonctionnaire est nécessairement suspect ».

Mais dans le même temps, il faut bien trouver 50 milliards d’économies pour réduire la dépense publique.

Des informations de presse ont attribué jeudi 6 février au ministre de l’Education l’idée de geler l’avancement et les promotions des agents, une mesure qui permettrait d’économiser 1,2 milliard d’euros, mais que Vincent Peillon « dément formellement avoir proposée ».

Malgré ce démenti, les syndicats sont sur leurs gardes. « On a la démonstration qu’ils vont essayer de gratter partout et sur le dos des fonctionnaires les fameux 53 milliards », alors que « les gens sont arrivés au bout du rouleau », estime Christian Grolier (FO).

L’Unsa fonction publique a pointé un risque de « conflit majeur » si une telle idée était retenue, la CFDT soulignant qu’elle « n’acceptera aucune mesure » amplifiant la baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires.

Le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, a lui jugé fort probable que les services de Bercy et de l’Education nationale aient « mis les machines en route » pour voir combien cela pourrait rapporter.

Pour Bernadette Groison (FSU), « toutes les rumeurs circulent » car « personne ne sait aujourd’hui comment le gouvernement compte s’y prendre pour réduire encore la dépense publique ».

Déjà les mêmes clichés au XIXe siècle - Bernard Vivier, de l’Institut supérieur du travail, s’interroge: M. Peillon a-t-il agi « en éclaireur du gouvernement » ou a-t-il fait un « acte isolé » ?

Quoi qu’il en soit, dit-il, une telle annonce est « maladroite » dans un pays « où fonctionnaire rime avec garantie de l’emploi à vie ».

Cela « attire le regard sur les prétendus privilèges qu’ils ont et cela peut crisper et contribuer au +fonctionnaire bashing+ », dit-il.

Luc Rouban, sociologue au CNRS (Cevipof), souligne de son côté qu’ »il y a toujours eu une critique très féroce des fonctionnaires en France ».

« Tous les argumentaires qu’on peut entendre se développer aujourd’hui sont ceux qu’on retrouve au XIXe siècle: ils sont trop nombreux, ils coûtent cher, ils font un travail inutile, ce sont des parasites »…, un phénomène qui s’amplifie « à chaque fois qu’il y a une crise économique ».

Il note « une évolution de l’opinion » sur « le coût budgétaire des fonctionnaires », avec un sondage Ifop de décembre qui pour la première fois montrait qu’une majorité de Français (61%) estime « nécessaire de faire des économies » sur les dépenses publiques « quitte à fermer certains services publics ».

Selon cette enquête, six Français sur dix jugeaient qu’ »il serait possible d’avoir des services publics de qualité tout en réduisant le nombre de fonctionnaires ».

Mais dans le même temps, les Français plébiscitent leurs services publics de proximité (hôpitaux, écoles…) et ont très majoritairement une bonne opinion des fonctionnaires (78%). Ils semblent donc quelque peu « schizophrènes » sur ce sujet.

Et ils sont friands d’ouvrages dénonçant leurs travers. Le dernier en date, « On ne réveille pas un fonctionnaire qui dort » de Jérôme Morin, paru mercredi (et réédition d’un écrit sous pseudonyme), raconte le quotidien d’un agents de mairie et fournit un « dictionnaire de la (dys)fonction publique territoriale ».

Le mot « absence » y est défini comme une « courte période durant laquelle un employé s’assoupit au bureau, ou long moment durant lequel, justement parce que déjà assoupi, il ne vient pas au bureau »…

La Gazette des Communes

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